Plougonvelin : un problème de coeur

Cœur de bourg : un projet d’importance pour les habitants

En sortant de la réunion publique organisée à Keraudy en cette fin novembre, personne ne pouvait douter de l’importance du projet aux yeux des habitants de la commune.

29/11/2018

À propos de la réunion publique cœur de bourg

Nous avions déjà largement diffusé les informations liées au projet de restructuration du bourg de Plougonvelin et à part le prix de cession des terrains à BMH (500.000€) et d’un film de simulation 3D du projet, il n’y a pas eu beaucoup de nouvelles informations.

En fait ce qui s’est passé d’important à cette réunion est ce qui est venu de la salle où les nombreux Plougonvelinois présents n’ont pas manqué de réagir.

Des intentions au projet

À titre personnel, j’approuve l’intention globale et les objectifs de ce projet :

  • redynamiser le bourg
  • concilier habitat et développement commercial
  • introduire une dose de logements sociaux dans le projet
  • pérenniser des traits de caractères qui rappellent que Plougonvelin est à l’origine une petite commune Bretonne.

Comme différents intervenants à cette réunion, j’aurais également aimé y voir affirmer une volonté de développement durable voire un objectif au moins de neutralité énergétique et de maîtrise de l’empreinte carbone. Mais en l’occurrence, si les choix de la municipalité sont différents, il n’y a pas de quoi créer un casus belli.

Sauf manifestement sur le dernier point.

D’abord du point de vue de l’architecture il est un peu difficile d’affirmer retrouver avec force les éléments visuels typiques d’un village Breton : placez les mêmes bâtiments en Ile de France et vous pourrez dire qu’on y retrouve des traits d’architecture francilienne…On peut aussi prendre un point de comparaison local avec le projet de nouvelle mairie à Locmaria-Plouzané qui semble lui bien réussir à allier une touche de modernisme avec des codes très locaux.

Le coeur de bourg après

Projet cœur de bourg à Plougonvelin

projet de la mairie de locmaria-plouzané

Projet à Locmaria-Plouzané

L’ancienne école

Mais là où cela ne va plus du tout, c’est qu’en plus de l’affadissement du caractère architecturale, le projet implique la destruction de l’ancienne école de garçons du bourg au nom d’un hygiénisme urbain dicté par les normes. Et c’est alors l’âme même de Plougonvelin qui est menacée d’être réduite en poussière.

Cette école date de 1884, elle porte l’histoire de la troisième République dans notre commune, un temps où le seul bâtiment public était bien souvent justement l’école.

Elle porte l’histoire des hussards noirs en mission pour alphabétiser la jeunesse Française autant que pour les éduquer aux règles d’hygiène, de civisme et de patriotisme. Nulle doute qu’en tendant l’oreille, on pourrait entendre Charles Abel, l’instituteur pendant la première guerre mondiale, faire la leçon et la lecture du « Tour de la France de deux enfants » ou du « Grand Meaulnes ». Les vieux murs de l’école matérialisent dans le granit la substance des récits de cette époque.

Elle porte l’histoire du bilinguisme, force de modernisme et d’intégration du début du XXème siècle, mais qui reste aussi telle une blessure mémorielle dans la culture bretonne.

le tour de france de deux enfants

le grand meaulnes

Elle porte l’histoire de la laïcité, de la lutte entre l’école des curés et celle du diable qui a mis tant de temps à s’apaiser.

Elle porte l’histoire de deux guerres, et plus fortement celle de 39-45 avec son lot de destructions, de bruit de bottes sur les pavés, mais aussi de résistance. Les murs de l’école, aussi décrépits soient-ils aujourd’hui, n’ont jamais trouvé la place d’accueillir le portrait de Pétain malgré les pressions, faute d’argent disait-on…

Elle porte aussi, et ce fut un moment fort de cette réunion publique, la mémoire de Plougonvelinois bien vivants. Cette école que l’on veut pulvériser ce sont les traces de ces sabots bien rangés dans le préau, l’odeur de la craie dans la classe et des marronniers dans la cours, les amitiés qui se sont nouées jadis et qui ont accompagné toute une vie.

Alors non, on ne peut pas réduire en poussière l’histoire communale de la République, on ne peut peut bulldozériser ce qui a construit culturellement plusieurs générations, on ne peut pas noyer dans le béton les souvenirs. Ce projet peut et doit être mené en préservant le patrimoine si riche inscrit dans le granit de l’ancienne école.

La municipalité ne s’est pas trompée en nommant ce projet Cœur de Bourg. Mais elle commettrait une faute fatale en n’entendant pas et ne comprenant pas que c’est bien dans cette école et ses autres bâtiments historiques que bat le cœur du bourg Plougonvelin. Tous les habitants d’aujourd’hui sont les héritiers de cette longue histoire, il nous appartient de nous mobiliser pour que ce cœur continue à battre.

carte postale de l'école de plougonvelin
carte postale de l’école de plougonvelin

Les éléments administratifs

plan général
plan général
plan général
destruction ecole
demande BHH
demande BHH

15 commentaires

  1. Le télegramme a publié un article samedi 5 janvier à propos de la mobilisation pour sauver l’école.

    Le Kafe Citoyen ne comprend pas bien le sens des propos rapportés par le Télégramme. Effectivement, toute action qui vise à s’occuper des affaires de la commune est une action politique, mais politique dans le bon sens du terme, celui des actions pour le bien commun. Nous ne souhaitons pas nous immiscer dans les problèmes entre la majorité et l’opposition.

    Ici, l’action vise à préserver un bâtiment (l’ancienne école) qui est un élément important de patrimoine, patrimoine à la fois architectural, historique et affectif.
    Rappelons par ailleurs que l’action (conjointe) pour la préservation de l’ancienne école n’est en aucun cas la volonté d’exprimer un refus vis-à-vis du projet de réhabilitation du bourg. Nous soutenons cette démarche de redynamisation et nous remercions le maire et le conseil municipal de s’engager dans cette voie.
    Ce que nous demandons, c’est la préservation de l’ancienne école et son intégration au projet, et une vraie concertation avec les habitants et associations pour que ce projet intègre les remarques constructives qui sont faites ou pourraient l’être. Par concertation, nous entendons un vrai travail, pas la présentation de décisions gravées une fois pour toutes dans le granit.
    Concernant les délais, nous ne voyons pas bien où est l’urgence : l’ancienne école a plus de 130 ans elle mérite bien que l’on se penche sur son sort pendant quelques mois de plus.

    1. Nous avançons mais comme nous avons dû créer une structure pour porter le débat, cela n’a pas été aussi vite que nous l’aurions voulu.

      Aujourd’hui, outre le fait que nous soutenons les actions d’autres associations même si nous ne les avons pas encore rencontré directement sur ce sujet (http://www.tamm-ha-tamm.org/spip.php?article314), nous avons commencé à travailler sur un dossier de classement de l’école.
      Nous sommes d’ailleurs preneurs de tout document ou témoignage concernant les aspects patrimoniaux ou historique du bâtiment (et naturellement de renfort pour ce dossier).

      Nous y reviendrons le plus vite possible pour donner d’autres précisions.

      en tout cas merci à vous pour l’intérêt que vous portez à notre école.

    2. Bonjour,

      Pour information.
      1) Permis de démolition de l’ancienne école
      Permis de démolir réf n° PD 0291901800001/2018 déposé en mairie le 02/11/29 et accordé/affiché en mairie le 29/11/2018. Exécutoire 15 jours après sa notification.

      2) « BMH a déposé 3 permis de construire mais n’a pas encore acheté les lots. »

      3) « Pour les surfaces commerciales, des positionnements mais pas de contrats de réservation (engagements financiers) des professionnels avant fin janvier »

      4) A propos de la pérennité du projet : « Le Maire s’est engagé à racheter les surfaces commerciales qui resteraient vacantes » !!!
      Un endettement supplémentaire pour la commune en perspective…et la faute à un prix au mètre carré excessif….

      5) Tamm Ha Tamm organise une chaîne humaine le dimanche 6 janvier à 11h
      Du BDS place Charles De Gaulle à l’ancienne école rue Pen ar Bed

      Pour protéger notre patrimoine bâti
      Pour participer à l’élaboration d’un coeur de bourg + ambitieux face à l’urgence énergétique

    3. Bonjour,

      Informations disponibles sur le site de Tamm Ha Tamm. A relayer au plus grand nombre.

      1) Permis de démolir déposé le 02/11 et accordé le 29/11.
      Affichage en mairie disponible
      PD 0001/2018 : Brest Métropôle Habitat – place du Général de Gaulle – démolition de plusieurs corps de bâtiment

      2) »BMH a déposé 3 permis de construire mais n’a pas encore acheté les lots. »

      3)A propose du taux de remplissage : « Pour les surfaces commerciales, des positionnements mais pas de contrats de réservation (engagements financiers) des professionnels avant fin janvier »

      4) Pérennité du projet : « Le Maire s’est engagé à racheter les surfaces commerciales qui resteraient vacantes ».
      Accroissement de la dette en prévision…

      5) Tamm Ha Tamm à tous les citoyens :

      Faisons une chaîne humaine dimanche 6 janvier
      de 11h du BDS place Charles De Gaulle à l’ancienne école rue Pen ar Bed

      Pour protéger notre patrimoine bâti.

      Pour participer à l’élaboration d’un coeur de bourg plus ambitieux face à l’urgence énergétique.

      1. Bonjour,
        Nous relayons l’info de la chaîne humaine sur notre page FB. N’hésitez pas à vous y inscrire, les infos seront relayées plus vite !

    1. Les statuts d’une association permettant aux Plougonvelinois de se réunir pour traiter ce genre de sujets sont prêts.
      Nous allons rapidement créer cette association (que ceux que cela intéressent nous contactent, ils sont les bienvenus) et donc unir les bonnes volontés en commençant par le sauvetage de l’école.

  2. Dans la mesure où le permis de construire est déjà déposé et que la réunion publique d’information a eu lieu, bien évidemment, après…(!) que peut-on faire d’autre en dehors de partager et de faire signer la pétition ?

    1. Plusieurs solutions sont possibles :
      * d’abord les éventuels recours à titre individuels pour les personnes impactées directement par le projet, mais il faut que les motifs soient justifiés
      * ensuite, et il me semble que c’est ce qui aurait le plus de sens, c’est une demande de classement de l’école. Mon post retrace rapidement son histoire, mais on constate que ce bâtiment est porteur d’éléments qui ont un vrai poids historique pour notre commune. Pour cela il faut collecter aussi vite que possible tout ce qui se rapporte à cette histoire et constituer un dossier.
      * enfin, et c’est ce qui serait le plus satisfaisant pour tout le monde, ce serait que la municipalité elle-même demande la modification du projet pour sauver l’école. Tout le monde en sortirait gagnant.

      1. Pour le dépôts d’un dossier de classement, il faut surmonter une petite difficulté politico-technique : plusieurs actions à titre personnel et associatif ont été initiées et il faut réussir à faire converger les efforts sans froisser les susceptibilités de qui que ce soit.
        L’objectif est de sauver l’école et il serait dommage de ne pas réussir à unir les forces et les bonnes volontés parce que X n’est pas d’accord avec Y sur des sujets sans rapport.

        Dans cette optique nous avons rédigé un projet de statuts pour une association qui réussirait à faire collaborer les gens autour de projets pour la commune sans qu’ils se sentent coincé dans un format politique.

  3. je ne peux qu’être de ton avis ! tristesse de voir notre mémoire s’en aller! mon père était un de ces hussards !

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